05/11/2022
Les difficultés associées aux sans-abri sont nombreuses. Pour ces personnes, le processus d'insertion est souvent un long parcours du combattant. Les démarches administratives sont nombreuses et complexes tandis que la santé mentale et physique de ces personnes est fragilisée.
La personne qui n’a pas la capacité de surmonter toutes les démarches pour un retour au logement peut, dès lors, se retrouver paradoxalement à la fois exclue de la société et à sa charge financièrement.
C’est pour répondre à ce constat que le modèle « Housing First », qui est né en Amérique et qui inspire déjà plusieurs communes bruxelloises, a récemment été implémenté par la « Cellule Logement » du CPAS d’Etterbeek. La protection des personnes sans domicile fixe compte parmi les priorités de ce département du CPAS qui, comme chaque année, vient d’activer son dispositif hivernal en ouvrant les portes du chauffoir communal.
Nous avons rencontré Satchel Vande Walle, travailleur social au CPAS, qui nous explique plus en détail ce nouveau projet ainsi que son rôle de « capteur logement ».
Pouvez-vous nous expliquer le concept global du modèle « Housing First » ?
S.V.W : "Le modèle Housing First (HF) prévoit un accès immédiat au logement depuis la rue aux sans-abri qui présentent un profil particulièrement fragile. Bien entendu, la personne paye son loyer et respecte les conditions de son contrat de bail comme tout locataire. Une équipe mobile pluridisciplinaire accompagne le nouveau locataire aussi longtemps que nécessaire afin de lui permettre de se stabiliser dans ce logement et de retrouver peu à peu sa place et sa dignité au sein de la société."
Comment s’articule l’équipe d’accompagnement qui travaille sur ce projet et quelles sont ses différentes missions ?
S.V.W : "Au sein de l’équipe HF, nous avons un éducateur, une psychologue, une assistante sociale, deux coordinateurs et bien sûr moi-même, en tant que capteur logement. Les éducateurs et les assistants sociaux veillent à ce que les profils HF entreprennent toutes les démarches nécessaires inhérentes à n’importe quel locataire, tout en leur apportant un soutien administratif, moral et psychologique très important. L’éducateur veille au développement de l’autonomie fonctionnelle et sociale de la personne, et la psychologue à son bien-être psychique. Enfin, la coordination est là pour évaluer l’ensemble du processus."
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre mission en tant que « capteur logement » ?
S.V.W : "Mon rôle est d’assurer la prospection des biens issus de l’immobilier dans la commune et la capitale en général. Lors de mes rencontres avec les propriétaires, j’informe et je déstigmatise si nécessaire. Tout au long du contrat de location, je joue un rôle d’intermédiaire et de médiateur entre le locataire et le propriétaire. Des garanties sont offertes aux propriétaires qui participent au projet et je veille à ce qu’aucune partie ne se sente lésée."
Vous encouragez les propriétaires à participer à une « démarche de solidarité à risque limité ». Que cela signifie-t-il ?
S.V.W : "Pour un propriétaire, c’est la garantie d’avoir une équipe de professionnels qui veillera non seulement à ce que les loyers soient payés en temps et en heure mais qui veillera également au bon déroulement du contrat de location.
La médiation propriétaire-locataire-voisinage est un autre aspect de notre travail. Le capteur logement reste tout au long du processus au côté des propriétaires. L’objectif commun est la réinsertion des personnes sans-abris dans une démarche de solidarité à risques limités car les propriétaires peuvent donc se sentir pleinement partie prenante de ce processus. Le projet se veut d’être à l’écoute de tous les acteurs.
Le concept apporte aussi de nouveaux outils tels que le « bail glissant ». Dans un premier temps, c’est le CPAS qui est le locataire du bien et lorsque les différentes parties se sentent en confiance, le contrat peut alors « glisser », au nom de la personne qui loge. En louant au CPAS, Il y a donc la garantie d’un loyer payé et l’assurance d’avoir des professionnels au bout du fil au moindre problème."
Quel est le bilan de ce nouveau modèle dans les pays où il a déjà été mis en place ?
S.V.W : "Le projet HF a fait ses preuves en Amérique du Nord depuis une vingtaine d’années avec des résultats très positifs. Un modèle qui a été reproduit dans les pays nordiques et désormais dans l’union Européenne. Il s’impose de plus en plus car en deux mots : ça fonctionne."
Cellule "Logement" du CPAS d'Etterbeek